La familia grande ou l'inceste insidieux


Pourquoi lire un livre sur l'inceste. Un de plus. Peut-être même pas le meilleur. 

Vanessa Springora a écrit l'an passé sur le consentement. Notion floue, difficilement saisissable et qui n'entre pas en jeu dans l'inceste. L'analyse qu'elle en fait est formidable. Le style aussi. Pour l'inceste, la qualification des faits est nette. La loi n'est pas équivoque. 

Camille Kouchner hurle le silence. Dans les premières pages, à parler de l'effet de cet écrit, le récit peine à convaincre. Le style rebute.  L'écriture est désagréable, mal formulé, mal construite, le livre tombe des mains. Voilà un parfait procédé littéraire, voulu ou non, décrivant la pagaille psychique de l'enfance décrite déchirée par l'ambivalence des affects et le libertarisme des adultes. Tanato-hédonie. 

Le style change par la suite. Les phrases deviennent solides, la narration captivante. L'événement n'en apparait pas un, inscrit dans un fil évident, un moment libertarien parmis les autres. Pourtant, il brise deux sujets, en miroir, comme toujours pour les jumeaux pourrions-nous supposer. Le silence est brisé et la connaissance des faits gagne du terrain jusqu'à donner à l'expression "tout le monde savait" un sens propre à cette histoire. Là, tout le monde savait, littéralement. 

Voilà un livre essentiel que Camille Kouchner a commis. 

Pour aller plus loin, avec Clotilde Leguil chez Laure Adler en présence de l'auteure. Ici

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